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RAYMOND GUERRIER

(1920-2002). Chevalier des Arts et des Lettres.
Au coeur de la jeune peinture
Raymond Guerrier naît et grandit à Paris dans une famille bretonne aux revenus modestes : sa mère travaille dans une manufacture de tabac, son père, à la suite d’un accident du travail, restera alité une grande partie de son enfance. Très jeune, il montre des dispositions pour le dessin et la peinture et entre comme apprenti dans un atelier de photogravure (1). La peinture, il le dira lui-même, il l’apprend en autodidacte, en fréquentant les musées parisiens et les grandes expositions de l’Orangerie. En 1952, l’une d’entre elles, La nature morte de l’Antiquité à nos jours, le marque profondément. Par ailleurs, sa formation de photograveur lui inculque l’art de construire une image, d’agencer les formes et les matières afin d’obtenir justesse et équilibre, des qualités qui se manifestent très tôt dans ses peintures. Ses premières expositions se font directement sur le boulevard Saint-Germain où le jeune Guerrier vend « à la sauvette » ses petites vues de Paris aux promeneurs et aux passants.
En 1947, il participe au Salon des Indépendant (2). En 1952, le Salon de la rue de Seine lui décerne son prix et la Galerie Stiebel lui propose sa première exposition. Guerrier y présentera un ensemble de vues de Paris et de ports du nord de la France. L’exposition rencontre son public et il est sélectionné l’année suivante pour participer au Salon des Jeunes peintres qui se tient à la Galerie Drouant David. Il obtient le premier prix avec son tableau L’homme dans la Ville (3). Sa carrière est lancée, il peut alors quitter son métier de photograveur et surtout Paris pour aller s’installer dans les Alpilles découvertes l’année précédente lors d’un voyage dans le Midi.
La peinture de Guerrier incarne à elle seule l’esprit de « La Jeune Peinture ». Comme tous ses représentants, Guerrier peint son environnement proche. La ville, Paris qu’il vide de ses habitants et montre comme un décor de théâtre mélancolique dans lequel s’ajustent des masses d’une matière onctueuse aux dégradés de gris, d’ocres et de bruns sombres. Tout est là du dessin de Guerrier, dans cette matière qui densifie les volumes. Cette « hyper structuration », et le choix d’une palette de couleurs « austère », délibérément « réaliste », s’opposent à la mode abstraite qui domine alors la scène parisienne ou la couleur est toute séduction et le dessin une inconsciente pulsion lyrique. Les maîtres de Guerrier sont à chercher dans la grande peinture du passé, les Italiens, les Hollandais et Réalistes français. La profusion de natures mortes et de vanités témoigne de cette tradition revendiquée. Crânes, cierges, poissons, bouquets de fleurs sont les motifs de prédilection de Guerrier. Une fois encore, ces sujets sont ceux de l’environnement proche et du quotidien. Ils révèlent sa volonté féroce d’affirmer son ancrage dans la réalité, de peindre sa vie simple, à l’écoute du monde, loin d’une certaine superficialité parisienne. Son engagement.
Outre ses participations aux salons de la Jeune Peinture et au Salon des peintres témoins de leur temps, épicentres de la figuration parisienne, Guerrier produit plusieurs oeuvres pour le Salon d’art sacré du musée d’Art moderne. Architectes, designers, peintres et sculpteurs parmi les plus grands (Le Corbusier, Albert Gleizes, George Braque, Aurélie Nemours) y sont réunis autour de la question de la sacralité. Pour Guerrier, comme pour beaucoup des jeunes peintres figuratifs, le sujet religieux est l’un des plus importants de l’histoire de l’art : l’aborder, c’est bien sûr se confronter à lui, mais c’est aussi réactiver une filiation historique. Guerrier choisira le grand sujet de la Crucifixion ou encore un épisode de la vie de Saint-François.
(Texte Elisa Farran 2020)

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